Les Pèlerinages de Paul Jame
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 Nouvelles de Gwenolé, ofm , Istanbul

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Paulo
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Paulo


Nombre de messages : 323
Date d'inscription : 05/02/2006

Nouvelles de Gwenolé, ofm , Istanbul Empty
MessageSujet: Nouvelles de Gwenolé, ofm , Istanbul   Nouvelles de Gwenolé, ofm , Istanbul EmptyLun 3 Juil - 13:09:38

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farao farao farao


Sauf erreur, c'est la 96è lettre.
Bon courage pour la lire.
Post-scriptum :

j'ai appris il y a une heure qu'un ami, prêtre français que je suis allé voir à Samsun sur la mer noire a été attaqué par un malade mental.
Il est à l'hôpital ; ses jours en sont pas en danger.
Après l'assassinat de son "voisin" en février, çà fait beaucoup.
Nous ne craignons pas pour ses jours mais pour l'image de marque de ce pays.
Bien des gens ici ou en Europe ne tiennent pas à trop de liens entre Occident et Islam.
Ce fou a -t-il agi de lui-même ou a-t-il été poussé par d'autres ?
Va-t-on faire mousser l'affaire ?

Il se pourrait que j'aille cette semaine à Samsun voir ce prêtre qui n'a pas de communauté,
c'est un prêtre diocésain (Strasbourg) qui devait rentrer définitivement en septembre...
Amitiés

Gwenolé, ofm , Istanbul

gw.jeusset@laposte.net

______________________________________________

Istanbul le 1er juillet

Chers amis,
Cette lettre, j’avais l’intention de la rédiger quand je fus appelé à Rome à la mi-avril pour préparer un congrès sur nos relations avec les musulmans, comme j’en animais il y a quinze et vingt ans. En septembre 2007, je n’aurais pas ce rôle épuisant, je serais l’ancien qui, dit-on connaît ! Je venais de rentrer d’un long périple qui m’avait conduit du Luxembourg au lointain Brésil. Certains d’entre vous ont reçu mes chroniques écrites pour mes paroissiens d’Istanbul. Je ne suis pas certain que cela intéresse tous mes correspondants et pour ceux qui n’ont pas d’accès à Internet, il faut ménager celle qui fait les envois par courrier ordinaire. Mais au moins pour ceux qui ont Internet il me serra facile de tenir compte des protestataires !
Dans le cadre de notre projet franciscain d’Istanbul, j’avais été invité pour le lancement d’une initiative locale à Recife (Nordeste) visant à ouvrir les catholiques à la compréhension et au respect de cultures et religions différentes. Sur la tombe de Dom Helder Camara, à 200 m. du couvent, j’ai prié ce saint homme de nous aider dans ce ministère d’ouverture aux autres.
L’accueil fut très bon de la part des Frères, de celles et ceux qui sont chargés de la mise en œuvre et aussi de la Presse. Très enrichissantes aussi, la prière dans une communauté musulmane naissante, la longue écoute d’un responsable de culte afrobrésilien et le passage à la première synagogue d’Amérique. En plus d’une vingtaine d’heures sur le dialogue interreligieux à l’Interséminaire des religieuses et religieux, je fus invité à donner une conférence à l’Université d’Etat, ce qui pour moi était une première et peut-être une dernière.
Fin mai, au retour d’une autre tournée de sessions et conférences en Belgique et en France, cette lettre a encore été retardée quatre semaines par un rhume et dit-on un virus têtu, attrapé en Bretagne. Mes paroissiens se sont affolés, me pressant de ralentir mon rythme à l’étranger mais est-ce l’âge ou le virus qu’il faut mettre en cause ? On en jugera en d’autres périples cependant obéissant, j’ai supprimé de ma tournée de congé la visite à plusieurs amis et j’en suis bien désolé.
Je devais recevoir début juin Gilles Couvreur, de la Mission de France, mon prédécesseur au Secrétariat de l’Islam. Au lieu de mettre cela au point avec lui, je me suis trouvé à son enterrement. Un grand bonhomme qui nous aide maintenant de plus haut. J’ai pu voir le cardinal Panafieu (qui avait été notre Président) avant son départ en retraite et profiter une dernière fois de sa maison où j’ai passé pendant dix ans de si bons jours aux pieds de Notre Dame de la Garde. J’espère bien le revoir à Venasque où il s’est retiré et pourquoi pas ici si sa santé le permet. Toujours au S.R.I., Jean-Marie Gaudeul, Père Blanc, qui m’a glorieusement succédé, termine son mandat. A nouveau, un prêtre de la Mission de France prend la relève. Je ne désespère pas de voir l’un ou l’autre venir se rendre compte sur place de l’importance de la Turquie pour l’avenir de l’Islam en Europe.
La vie à Istanbul a pris une autre dimension après mon jubilé franciscain en octobre dernier. Tant d’amitié m’a retourné. Le fait de ne pas connaître le turc me laisse très démuni face aux petites gens dont la relation me manque, mais ma nostalgie n’est plus le regret de la France quittée. Il reste encore à vaincre le désir tenace de rentrer au pays où enfin je ne me sentirai plus un étranger. Comme je ne désire rien d’autre que de faire la volonté de Dieu, j’espère beaucoup qu’il n’est pas d’accord avec mon Ministre Général car à ma proposition de rentrer en 2009, il m’a répondu à Rome très calmement : « Surtout ne vous pressez pas, il faudra un ancien dans cette fraternité ! »
En attendant les jeunes arrivent au compte-goutte. Comme il faut cinq ans pour les former : deux pour le turc puis deux à trois pour une spécialité, on est loin du compte. Pour le moment, le fr. Eleuthère, congolais, qui se débrouille dans la langue indigène, va partir à Venise se former à l’œcuménisme. Comme annoncé dans ma lettre précédente il dut partir chercher un nouveau visa. Merci Seigneur d’avoir donné à notre africain le don de « négocier » habilement et courtoisement les obstacles et de nous revenir après trois mois, c’est un exploit. Maintenant il repart … mais il est en règle pour revenir savant !!! Si notre fraternité veut répondre à sa vocation d’animatrice du dialogue dans l’Ordre, il faudra aussi un ou deux spécialistes pour l’Islam, un pour le Judaïsme, un pour les religions orientales. Des frères capables de partir pour prêcher le dialogue ou de guider ici des personnes ou des groupes franciscains. Pour l’instant, j’assume en homme de terrain l’intérim de l’expert en Islamologie et fr. Ruben, notre responsable mexicain, en bibliste consommé, assure pour le Judaïsme. Sauf à nous laisser trop prendre par la pastorale des catholiques, nous sommes sur la bonne voie. Dieu bénit notre travail avec les autres chrétiens nos frères en Christ, avec les Juifs « nos frères aînés » et avec les musulmans mes frères désignés.
Avec les autres chrétiens, la semaine de l’Unité n’a qu’un défaut, c’est d’être en janvier. Ce marathon passionnant qui nous regroupe chaque soir, je ne pourrais plus l’accomplir de façon autonome, peut-être avant 2009 car je ne vois guère ma route dans la nuit, le vent et parfois la neige. Heureusement les Frères sont aussi convaincus que moi de son importance pour prier ensemble et pour rencontrer les convaincus de chaque Eglise. Je les tiendrai par la main.
Au cours de l’année, nous nous rendons au Phanar ou dans d’autres églises grecques mais il faudrait maintenant établir plus de proximité avec l’entourage du Patriarche œcuménique. De même avec les Arméniens mais c’est plus avancé. Le Patriarche de cette Eglise nous aime beaucoup et il m’a adressé personnellement le message de Pâques à ses prêtres. Ruben, devenu président des supérieurs religieux de Turquie lui a demandé l’un de ses prêtres (marié) pour prêcher la récollection de Carême aux religieux/ses catholiques. J’ai manqué cela par la « faute » du Brésil !
En octobre dernier, pendant une session que nous voulons donner chaque année aux frères de notre Ordre, nous avons chanté Vêpres avec une paroisse de cette Eglise et partagé ensuite avec laïcs et prêtres. Il faut noter en passant que tous les Arméniens (comme les Syriaques) catholiques et « orthodoxes » sont très liés, c’est beau à voir. Ainsi, le Catholicos venu récemment d’Arménie a fait une visite officielle à l’archevêque catholique. Cela fut reçu plus positivement que son appel à reconnaître le « génocide » !
Il nous restait l’Eglise syriaque à visiter mais il fallait un interprète pour rencontrer le Vicaire patriarcal en Turquie. Celui-ci terminait la célébration du jeûne de Ninive (trois jours, pour demander pardon comme les Ninivites à l’appel de Jonas). Sorti à 32 ans de son monastère à la frontière de l’Iraq, cet évêque encore jeune nous recommanda deux points : l’Eglise catholique doit retrouver le jeûne et les conducteurs de toutes les Eglises devraient se rassembler pour signifier à l’Europe d’arrêter la dégénérescence des mœurs : « Autrefois les Pères de l’Eglise se rassemblaient pour dire leur fait à l’Empereur !». Difficile de lui faire entrevoir que l’empereur chrétien n’existe plus et que l’espace de parole efficace a changé.
Avec les Juifs notre effort sera à reprendre. Je n’ai pas assumé et Ruben longtemps absent pour son visa et ses responsabilités dans des commissions de l’Ordre, la transformation nécessaire de notre maison un peu abandonnée depuis des décennies et son travail dans l’Eglise locale latine n’a pu trouver le temps pour continuer, mais il devrait être libéré en partie après le chapitre général d’octobre pour approfondir ce qui a été si bien commencé.
Avec les musulmans, il me faudrait un interprète en permanence et je suis obligé à la modestie. Pourtant il ne s’agit pas d’être défaitiste et mes relations avec le Dédé (higoumène ou père-abbé d’un groupe de derviches-tourneurs) est un grand cadeau de Dieu, d’autant que ce ne sont plus seulement des liens strictement personnels mais un rapport grandissant avec notre fraternité. La prochaine étape pourrait être une liaison entre sa communauté derviche et la nôtre.
Je démarre une rencontre avec un professeur de soufisme qui devrait aller l’an prochain à Recife. Là, comme avec mon Dédé, c’est l’anglais qu’il faut manœuvrer. De même avec Mustafa qui se trouve à Rome pour étudier le christianisme. Il est allé deux fois à Assise avec Ruben et c’est presque un « franciscain musulman ».
Plus facile car il manie bien la langue des Francs, je rencontre le mari d’une Française décédée avant mon arrivée. Avec ses amis et sa famille, tous musulmans, il fait dire une messe anniversaire et paie le pot d’amitié à la sortie de notre église saint Louis des Français.
Il y a encore un rapprochement avec l’imam qui prie le 11 novembre sur les tombes. Il faudra que je lui propose de venir avec moi sur celles des chrétiens puisque je me tiens près de lui au cimetière musulman. Je cherche un interprète pour me rendre chez lui la semaine prochaine. Si vous savez le turc et que le coeur vous en dise !
Un autre personnage avec qui les sourires remplacent les mots, c’est mon coiffeur. Pas question d’embêter quelqu’un, sinon une fois par an pour mon cadeau (la dernière fois, un poster de Jérusalem d’où je revenais et qu’il a encadré). Hier, sans cadeau mais le sourire aux lèvres, je suis allé me faire bichonner comme un vieux cheval et après mon verre de thé je suis rentré plus jeune. Et pourtant cette fois-ci il ne m’a pas mis son briquet dans le creux de mes oreilles pour les rendre moins dures…
Je ne peux clore ce chapitre sans signaler le passage de deux ou trois pèlerins par an en route vers la Terre Sainte. Dimanche, à l’homélie je m’exprimais ainsi : « Laurent, 25 ans, m’a particulièrement impressionné. Grand marcheur, je l’imagine faisant en ce moment ses 35 à 45 kilomètres par jour avec la confiance absolue et l’humilité de marcher avec Dieu. Sans le savoir, il m’a fait comprendre que je dois davantage encore remplir un ministère d’accompagnement pour ces pèlerins qui arrivent ici à mi-route et peuvent se reposer un instant avant d’entreprendre dans un environnement inconnu d’eux, la longue traversée de l’Anatolie. Je suis d’autant plus heureux de les aider discrètement que j’espérais un peu être nommé dans une fraternité sur la route de Compostelle quand on m’a demandé d’aller plus loin, ici, sur la route de Jérusalem ».
Laurent prévoit d’être là-bas en septembre. Espérons que le climat de violence aura changé. Je suis très troublé par ce qui se passe actuellement. David et Goliath ont changé de camp et les pierres de Daouda n’ont guère de prise sur le géant. Je cours le risque de choquer mais « Si nous nous taisons, les pierres crieront » (cf. Lc 19,40) rappelait le prieur de Thibirine dénonçant le terrorisme islamiste, lui qui aimait tant les musulmans. Quand un terrorisme en cache un autre, on ne peut rester neutre sous prétexte de dialogue interreligieux. Quand arriverons-nous à séparer état et religion ? Peut-on crier à la destruction d’un peuple par un Etat, sans être taxé d’antisémitisme ?
Terminons plus gaiement. « Rencontre sur l’autre rive » va être bientôt repris dans la collection de poche Spiritualités d’Albin Michel, avec le titre « Saint François et le Sultan ». Ne l’achetez pas (sauf si l’ancien est abîmé à force de le lire !), c’est à quelques corrections près, le même livre. Mais cette édition va lui donner une nouvelle et longue vie en atteignant un public que nous ne touchions pas.
Prévoyant de vous écrire après le voyage risqué du pape en Turquie, fin novembre, je n’aurais, espérons-le, que de bonnes nouvelles à transmettre. Pour le moment, j’attends les vôtres.

Gwenolé, ofm

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Merci à " Mon Frère " d'Istanbul qui sait
Accueillir les Pèlerins sur " leur Route de Jérusalem "
Rassurer, avec douceur et efficacité
Partager le pain
Témoigner d'Une Foi Fraternelle exceptionnelle

Paul

http://www.consulfrance-istanbul.org/article.php3?id_article=284



Eglise Saint Louis des Français (catholique)
Postacilar sokak N° 11 (Palais de France) Beyoglu - Istanbul Tél : (0212) 244 10 75.

Frère Gwenolé, Curé de la Paroisse Saint Louis



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http://jamelyonjerusalem.monsite.wanadoo.fr/
 
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